Vue sur la mer au sud de l'ile du sud de Nouvelle-Zélande

Humpridge Track, prochain « Great Walk » de Nouvelle-Zélande

Le Hump Ridge Track comme si vous y étiez ! Suivez les traces de Yoann, qui guide des groupes de randonneurs locaux en attendant que les frontières réouvrent. Bien moins célèbre que le Milford Track, le Kepler ou le Routeburn, ce sentier se situe également dans le parc national du Fiordland, dans l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Si vous le ne connaissez pas encore, cela va bientôt changer car il deviendra Great Walk (réseau des plus belles randonnées du pays) en 2023. Et à juste titre, car il a tous les ingrédients d’une randonnée mémorable : montagnes, plages de sable, côte rocheuse, forêt féérique, perroquets keas et kakas, dauphins et vestiges du passé.  A vos chaussures, direction le sud de l’île du Sud !

Une erreur de jeunesse

Viaduct de plus d'un siècle au coeur de la forêt autrefois exploitée, en Nouvelle-Zélande
L’un des viaducts à traverser le 3ème jour datant de l’exploitation forestière il y a un siècle.©Yoann Feillet

J’ai découvert le Hump Ridge Track il y a une dizaine d’année. A l’époque on m’avait demandé de faire la reconnaissance de cette randonnée en vue de guider des groupes francophones.
Je n’avais malheureusement pas beaucoup de temps alors j’avais complété la boucle en deux jours au lieu de trois, en collectant au passage de mémorables ampoules aux pieds. Quand j’y repense aujourd’hui, je me dis que je ne referai pas la même erreur ! Ah si j’avais eu un peu plus de temps pour apprécier ce coin perdu du pays… Hé bien justement, dix ans plus tard, je me retrouve de nouveau sur ce superbe sentier à guider des Néo-zélandais. Et cette fois-ci, j’ai tout mon temps !

 

Un sentier privé mais bientôt un « Great Walk » de Nouvelle-Zélande

Les levers et couchers de soleil depuis le refuge d'Okaka sont toujours spectaculaires.
Les levers et couchers de soleil depuis le refuge d’Okaka sont toujours spectaculaires. ©Yoann Feillet

Les 2/3 environ du Hump Ridge track empruntent un sentier privé, créé par la communauté de Tuatapere, le village local. Ce projet qui date de 2001 devait aider la population à rebondir financièrement suite à l’arrêt de l’exploitation forestière de la région. Objectif atteint : le trek emploie de nombreuses personnes et positionne enfin Tuatapere sur la carte du pays. Cependant, la grande majorité des randonneurs sur ce sentier est néo-zélandaise. Les étrangers préfèrent les treks situés un peu plus au nord tels que le Routeburn et l’ultra célèbre Milford Track. Peut-être que les statistiques vont changer, car son statut de sentier privé va passer dans le domaine public en tant que « Great Walk » en 2022/2023, un label plus prisé par les voyageurs internationaux. Des travaux vont améliorer la qualité du sentier, très boueux après les pluies.

 

Forêt enchantée, Korrigans et perroquets

On peut parcourir les 60 km en indépendant ou en version guidée. La réservation est obligatoire car une trentaine de personnes seulement est autorisée dans les refuges chaque jour. Les groupes guidés bénéficient le premier jour de 5 minutes d’hélicoptère (soit 2h30 de marche en moins) et de tous les repas, par ailleurs copieux et délicieux ! Sinon, personne n’échappe aux 1000m de dénivelé du premier jour et à l’interminable descente du second jour. Et c’est tant mieux car comme je le dis à ceux que j’accompagne : « le Hump Ridge Track est un challenge, ce qui fait aussi son charme ! ».

Forêt enchantée sur le Humpridge track.
Forêt enchantée sur le Humpridge track, encore plus magique un jour de brume. ©Yoann Feillet

J’adore la première journée, quand on grimpe depuis le niveau de la mer jusqu’au refuge d’Okaka Lodge. On débute par la traversée d’une forêt de hêtres australs et de podocarpes, ces conifères qui produisent des cônes semblables à des fruits charnus. Puis vers 600m d’altitude, les arbres deviennent bien plus petits, tortueux et se parent d’usnée barbue, un genre de lichen qui prospère dans les zones brumeuses. L’endroit est féérique, magique, mystérieux. Je m’attends à chaque pas à voir apparaître un Korrigan (je viens de Bretagne !) ou un troll. A défaut, on aperçoit des oiseaux : perroquets kaka, tomtits et robins, certainement plus charmants que des lutins facétieux.

 

Plante endémique de Nouvelle-Zélande et sculptures géantes

Au-delà des 900m d’altitude, la végétation devient plus rase. Dans ce milieu alpin, il y a une plante que j’apprécie particulièrement : le Dracophyllum menziensii ou « pineapple scrub » (broussaille ananas). Ses feuilles rappellent effectivement celles du fruit tropical mais se distinguent par leur couleur rouge vermillon. Aucune chance de voir un ananas pousser ici, le climat rude rappelle que l’on est dans le parc national de Fiordland, réputé pour sa brutalité, fouetté par les vents violents des mers australes et les pluies diluviennes.

La plante "Pineapple scrub" et ses feuilles qui rappellent celles de l'ananas.
La plante « Pineapple scrub » et ses feuilles qui rappellent celles de l’ananas. ©Yoann Feillet

Par beau temps, la vue depuis le refuge est exceptionnelle : on contemple l’océan, 1000m plus bas, et l’île Stewart à 80km de là. Mais il y a encore plus beau : la petite boucle que je recommande toujours, située au-dessus du refuge. Là-haut, d’imposants affleurement rocheux semblent avoir été sculptés par un artiste géant. Sans compter le panorama à couper le souffle qui fait oublier tout l’effort de la journée.  Je me dis à chaque fois que j’ai le plus beau métier du monde !

 

Une bien longue descente

Le deuxième jour, je quitte Okaka Lodge toujours à regret. Là-haut, on a un peu le sentiment d’être au-dessus des tracas du monde, la quiétude est quasi totale. Mais il faut partir et de toute façon, cette étape révèle de bien belles surprises également. Je vérifie une dernière fois que tout le monde a bien pris de l’eau, son pique-nique et soit prêt pour une longue journée.

La longue descente sur le « Hump Ridge » vers l’océan avec, à droite, la « Waitutu forest »

Les plus rapides couvrent les 20km en 6h, les plus lents vont mettre au moins 8h, s’ils ne se blessent pas. La première partie est à découvert et offre un panorama remarquable sur toute la côte, par temps clément en tout cas. Les mauvais jours, les vents violents déchirent les ponchos et les marcheurs accélèrent le pas pour entrer dans la forêt au plus vite et s’abriter des éléments. C’est ce jour-là que le mental est le plus sollicité. Même si l’essentiel se fait en descente, la pluie peut transformer le sentier en bourbier que rien n’empêche de tremper les pieds. Alors on sait que l’étape va être longue, très longue.

 

Les aventuriers du bout du monde

Il y a un petit côté aventureux qui me plait beaucoup avec le Hump Ridge Track : on est isolé, au bout du monde. J’ai constaté l’effroi de certains randonneurs que j’accompagne, d’avoir les chaussures trempées, et, pire, les pieds mouillés ! Comme si le succès du trek en dépendait. Désormais je passe l’information suivante avant le départ : « vous aurez de toute façon les pieds mouillés, allez-y tout droit dans l’eau, c’est souvent moins risqué de glisser et plus rapide que de contourner chaque flaque ». Et ça marche, pour ceux qui essaient en tout cas.

Randonneur traversant un pont de singe sur le Humpridge Track.
L’un des ponts de singe sur le Humpridge Track. On a toujours sentiment d’être Indiana Jones quand on les traverse ! ©Yoann Feillet

 

J’apprécie aussi ce moment où je vais chercher de l’eau pour faire le café et le thé. A l’aide d’un seau attaché à une corde, je récupère cette eau pure qui passe 10m sous un pont pour élaborer certainement le meilleur café lyophilisé du monde !
Enfin, les deux dernières heures de cette journée se font sur une ancienne voie ferrée. Elle servait à l’évacuation des troncs d’arbres quand cette zone était exploitée pour son bois il y a un siècle. On passe plusieurs viaducs, dont le plus imposant fait 125m de long et 36m de haut. Quand je le traverse, j’ai toujours le sentiment qu’il est bien plus haut. La fatigue sûrement ! Puis Port Craig Lodge apparaît au bout de cette longue ligne droite, entre la forêt et l’océan. Je m’occupe alors de recenser les petits bobos et d’évaluer le moral.

Au-delà de la zone de confort

Récupèration de l'eau de la rivière pour le café et le thé.
Je récupère de l’eau de la rivière sous le pont pour le café et le thé, un régal. ©Yoann Feillet

Tout le monde est épuisé, mais ravi. Je fais remarquer que nombreux sont ceux qui sont sortis de leur zone de confort et ont dépassé leurs limites. Un sentiment de satisfaction traverse le salon, chacun approuve.

Le Hump Ridge Track peut être un grand défi si on n’est pas préparé. Un jour une personne a craqué et s’est mise à pleurer. On s’est arrêté et on a discuté puis on est reparti en se fixant des objectifs pour avancer par petites étapes. Elle a fini avec le sourire, heureuse d’avoir accompli ce qu’elle pensait être incapable de pouvoir finir. Bravo ! Mais il arrive que des personnes abandonnent et font la dernière étape en hélicoptère. Dommage, le dernier jour on marche sur plusieurs plages désertiques le long desquelles on aperçoit fréquemment des dauphins.

Juste avant la fin de la marche, après trois jours de randonnée, une dernière épreuve : plus de 160 marches de tailles inégales cisaillent nos cuisses. L’arrivée au parking marque le retour à la civilisation : tout va vite, trop vite. Heureusement pour moi je repars bientôt avec un autre groupe dans cette forêt magique. J’ai hâte car, derrière le tronc noueux d’un hêtre austral je vais retrouver les Korrigans et les trolls. J’ai bien envie de leur poser la question : « mais comment faites-vous pour garder les pieds au sec ? »

Yoann Feillet – Mars 2022

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En savoir plus sur la randonnée en Nouvelle-Zélande-Zélande sur notre page Guide du voyageur Nouvelle-Zélande.

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