Vignobles dans le Central Otago, Nouvelle-Zélande

Vendanges en Nouvelle-Zélande : merci Covid ! 

En attendant la réouverture des frontières et la reprise de ses activités de guide, Yoann s’est essayé aux vendanges dans la région du Central Otago, dans l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Un travail qu’il a toujours voulu faire au moins une fois dans sa vie. Récit de son expérience en mars-avril 2021. 

Les raisins de la colère

La récolte du raisin en Nouvelle-Zélande vient de se terminer, l’hiver austral approche à grands pas. Après 6 semaines de travail dans les vignes, je viens d’assouvir un souhait que j’avais depuis longtemps : faire les vendanges. L’arrivée de Mr Covid a chamboulé notre vie car, avec la fermeture des frontières, on a dû s’adapter à cette situation peu enviable de n’avoir plus aucun revenu ni d’aide de l’Etat. Il paraît qu’une crise a aussi des côtés positifs alors j’ai sauté sur l’occasion et je suis parti avec mon baluchon (je dramatise un peu…), direction la belle région du Central Otago dans l’île du Sud, pour faire quelque chose qui me trottait dans la tête depuis plus de 20 ans.

Afflux de travailleurs saisonniers

Paysage d'automne avec la rivière Kawarau, Nouvelle-Zélande
La rivière Kawarau à l’automne. Elle prend sa source près de Queenstown et passe par Cromwell. ©Yoann Feillet

La dernière semaine de mars a vu débarquer à Cromwell, à 45mn de Queenstown et de Wanaka, des centaines de personnes venues comme moi chercher un travail temporaire. La plupart de mes nouveaux collègues a moins de 30 ans, vit depuis peu en Nouvelle-Zélande et bénéficie d’une extension de visa pour travailler quelques mois de plus dans le domaine agricole. Je me considère chanceux car, malgré notre situation précaire, ma double nationalité française-kiwi me permet de rester aux Antipodes aussi longtemps que je le veux et de travailler dans tous les domaines.

Des tonnes de raisins

Bennes de raisin pinot noir récolté dans la région de Cromwell, Nouvelle-Zélande.
Une journée (et des bennes) bien remplies ! Le pinot noir sera transporté vers le chai avant la fin de la journée. ©Yoann Feillet

Le premier jour, les consignes sont très brèves : “coupez” ! Armé d’un seau dans une main et d’un sécateur dans l’autre, on commence la récolte à 8h exactement chaque jour. Lorsque le seau est plein, on le vide dans une benne tirée par un tracteur situé de l’autre côté de la rangée. Quand une benne est remplie, on sait qu’on a récolté environ une demi-tonne de raisins. En fonction du nombre de vendangeurs, de la qualité des grappes et des difficultés à les couper, on peut cueillir 20 tonnes dans la journée. Parfois plus, et là on sait qu’on aura mal au dos le soir ! En moyenne, on travaille environ 7h par jour. S’il pleut, ce qui est rare dans la région, on s’arrête mais on n’est pas payé.
On change de vignobles tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, ce qui permet d’explorer la région. Les couleurs d’automne, les lacs et les montagnes des environs m’ont permis de faire de belles photos. Au début, les journées étaient chaudes, mais après un mois de vendange, les premières gelées rendaient la récolte plus pénible avec une lumière qui baissait de jour en jour. Mais travailler à l’extérieur dans un cadre spectaculaire me motive et m’apaise. Finalement cette crise a quelque chose de bon pour moi !

Parlez-vous « bislama » ?

Un groupe de travailleurs viticoles saisonniers du Vanuatu, toujours avec le sourire.
Toujours souriants, les Vanuatais apportent beaucoup de bonne humeur pendant les vendanges. ©Yoann Feillet

Les vendanges en Nouvelle-Zélande sont aussi synonymes de bonne humeur, de partage et de découverte : j’ai fait la connaissance avec des personnes de tous horizons. Plus de 20 nationalités différentes dans mon équipe ! On se lie vite d’amitié avec certains même si les discussions ne durent souvent que quelques secondes entre deux rangées. Parfois la musique de la “boom box” d’un vendangeur couvre la voix du voisin. Tant pis, on poursuivra la conversation un peu plus tard quand on se retrouvera côte à côte. La journée est ponctuée des nombreux éclats de rire des Vanuatais qui adorent plaisanter dans leur langue, le bislama. Je ne comprends rien mais je rigole également, c’est communicatif ! Le pays fait appel aux habitants de certaines îles du Pacifique pour combler le manque de main d’œuvre dans le domaine agricole. Ils travaillent vite et bien, toujours avec le sourire. Certains n’ont pas revu leur famille depuis plus d’un an, n’ayant pas pu rentrer au pays suite au COVID-19. Le reggae et le zouk leur donnent une formidable motivation et ils m’ont surpris un jour en diffusant les tubes de la Compagnie Créole !

Le « smoko », kezako ?

Le “smoko”, pause légale de 10 minutes le matin et l’après-midi, permet de se reposer un peu sans avoir le temps de se refroidir. Vers 13h, la pause déjeuner dure 30 minutes et chacun mange sur place son propre pique-nique, au milieu des vignobles. Qui s’en plaindrait ?
Je profite souvent pour sortir mon appareil photo pour figer la vigne avec ses feuilles jaunes et orange ou discuter avec un collègue uruguyen, brésilien, australien ou polonais. J’ai appris par exemple que le plus haut sommet de l’Uruguay ne mesure que 513 mètres d’altitude ! Autour des vignobles d’ici, les sommets frôlent les 2000 mètres.

Le pinot noir, roi du Central Otago

Au cours de ces six semaines, on a récolté du pinot gris, du cabernet franc, du riesling et du gewurztraminer. Cependant c’est le pinot noir qui fait la réputation du vin du Central Otago, représentant 80% des cépages de la région. Comme il y a très peu de chais autour de Cromwell, une grande partie de la récolte est acheminée par camion vers la grande région viticole de Blenheim, à 10 heures de route de là. La Nouvelle-Zélande produit 1% du vin dans le monde et le Central Otago est la 3e plus grande région viticole du pays avec environ 2000 hectares de vignes. C’est aussi là que l’on trouve les vignobles les plus australs du monde, sous le 45e parallèle de l’hémisphère sud. Pour anecdote, l’acteur néo-zélandais Sam Neil (La Leçon de piano, Jurassic Park, A la poursuite d’octobre rouge…) y possède un vignoble, “Two Paddocks”.

Des vignobles à perte de vue dans le Central Otago, Nouvelle-Zélande.
Les vignobles du Central Otago s’étalent sur plus de 100 km. ©Yoann Feillet

Après les vendanges, la taille de la vigne

Après ces vendanges, je crois que je suis devenu aussi rapide qu’un vanuatais à couper le raisin, mais je ne parle toujours pas le bislama ! J’ai adoré observer les changements dans la vigne avec l’avancée de la saison et travailler à l’extérieur dans un cadre idyllique. L’esprit de camaraderie va me manquer également. J’ai regretté de ne pas en apprendre davantage sur l’élaboration des vins et sur la culture de la vigne : quand on fait les vendanges, on ne voit qu’une petite partie de cette industrie. Malheureusement pour mon chef d’équipe, je l’ai assailli de questions pour satisfaire ma curiosité. Mais je ne crois pas qu’il m’en veuille, au contraire, car on m’a demandé de rester pour la taille de la vigne qui commence à la mi-mai. Je vais donc retrouver cette jolie région de Nouvelle-Zélande sans les couleurs automnales mais avec les premières neiges sur les sommets qui entourent le bassin de Cromwell. Mon sécateur est prêt, mon appareil photo également !

vendanges en Central Otago, Nouvelle-Zélande
Yoann, expert vendangeur !

Yoann fait les vendanges en Nouvelle-Zélande.
Retrouvez Yoann qui raconte son expérience. Interview réalisée et montée par Sandrine (débutante en montage vidéo…).

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2 réflexions sur “Vendanges en Nouvelle-Zélande : merci Covid ! 

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